1939-1945

8 mai 2010 369 recnbLe 23 août 1939, la signature du pacte germano-soviétique et l’invasion de la Pologne déclenchent la guerre.

Le 3 septembre,  c’est la déclaration de guerre et la mobilisation générale, Sailly voit partir ses soldats. Tristesse et angoisse envahissent chaque foyer : 1914 est encore dans tous les esprits… 

Commence la drôle de guerre, une guerre de 44 jours qui tue 92 000 soldats français, soit 2 000 par jour, alors qu’en 1914-1918, la moyenne « n’est que » de 900…

Dés septembre, Sailly est « occupée » par l’armée anglaise. La Belgique, officiellement neutre, est envahie le 6 mai 1940 alors qu’on édifie, à l’est, la ligne Maginot, durant tout le terrible hiver de 1939-1940 (le béton gèle dans les bétonneuses…). L’armée allemande la contourne en passant vers le nord.

L’invasion d’une grande partie des pays européens et de la France est foudroyante.

Les Anglais, en quittant Meurchin, coupent tous les arbres pour leur camouflage.

Ayant encore en mémoire la dureté de l’occupation par les Allemands en 1914-1918, tous les habitants n’ont qu’une idée : fuir l’envahisseur. Bien peu ici ont une voiture. D’ailleurs, on est vite en panne d’essence. Alors, les fermiers sortent leurs chariots, on s’y entasse : les femmes âgées, les petits enfants, avec ce qu’on a de plus précieux, et on part à pied, au pas des chevaux. Ceux qui possèdent un vélo le chargent au maximum. On part vers le sud, sans savoir vraiment où aller… Le long des routes, ce ne sont que files de gens chargés, épuisés qui, de plus, se font parfois mitrailler par l’aviation ennemie. Dans un désordre indescriptible, ils croisent l’armée française en déroute… De plus, il fait une chaleur accablante et très vite, on n’a plus rien à manger.

Les habitants de Sailly partis sur les routes atteignent au mieux le Pas-de-Calais, Hesdin, Montreuil-sur-Mer ou Arras. Ils reviennent au bout de deux ou trois semaines d’errance pour retrouver leur maison pillée, saccagée, soit par la troupe, soit par d’autres réfugiés prenant ce dont ils avaient besoin.

D’autres habitants ne quittent même pas le village, résignés à leur sort.

Quant aux militaires, quelques unités réussissent à gagner la côte pour passer en Angleterre, 112 000 soldats environ. Le 4 juin, les Allemands sont à Dunkerque, ville qu’ils ont bombardée. Tout est en ruines. Les Allemands font 300 000 prisonniers, dont des Saillysiens. L’un deux qui n’avait  jamais quitté son village raconte qu’il est allé jusqu’à Odessa !

Durant toute l’occupation allemande, c’est une fois de plus le rationnement, les tickets d’alimentation. Les Saillysiens manquent de tout et ont faim. L’occupant saigne le pays. Les jeunes sont réquisitionnés par le STO (Service au Travail Obligatoire) en Allemagne.

Le pays, une fois encore, est privé de la majeure partie de l’élément masculin.

La Résistance s’organise très vite avec une presse clandestine active (La Voix du Nord, Nord Eclair). Le 21 mai 1941, le parlementaire et député roubaisien Jean-Baptiste Lebas est arrêté, déporté avec son fils et sa nièce. Il meurt en Allemagne en mars 1944 (probablement le 10), au camp de Sonnenburg.

On se soutient le moral en écoutant en cachette la radio de Londres : « Les Français parlent aux Français ». Tous les milieux de toutes tendances politiques sont actifs dans la Résistance. Une habitante de Sailly, Marthe Hautebar, est victime de son engagement : elle meurt le 19 décembre 1944 à Ravensbruck, 66 jours avant la libération du camp….

A Meurchin, un parachutiste tombé dans le petit bois est caché et sauvé.

En vue de la préparation au débarquement, les sabotages se multiplient ; les cheminots sont très actifs pour organiser celui des voies de chemin de fer. On se souvient de la nuit du 1er avril 1944 à Ascq ; une explosion contre un convoi militaire allemand déclenche un horrible massacre par les SS : 86 civils innocents sont fusillés dans la nuit…

En juin 1944, le débarquement en Normandie ranime tous les espoirs.

Le 2 septembre, Sailly est délivrée de l’Occupation. Mais avant de quitter le secteur, les Allemands font sauter leur dépôt de munitions situé à Hem, aux Château Olivier et de la Marquise. Dans cette commune, on dénombre des victimes et des dégâts très importants, mais il faut savoir que le sabotage orchestré par des résistants  (Emile Gilleman, alias Gilmano, du célèbre duo de clowns Gilmano et Vincenti, aidé de Jean Hostens et  d’un électricien Paul Decottignies) a permis d’éviter une explosion potentiellement beaucoup plus meurtrière.

A Sailly, toutes les vitres des maisons sont brisées et les vitraux de l’église St Pierre subissent bien des dégâts : ils ne seront restaurés qu’en 1965, grâce à une souscription parmi les habitants de la commune.

Peu après, les Saillysiens accueillent avec joie les premières troupes britanniques, canadiennes et américaines.

Mais Sailly a payé un lourd tribut durant ce conflit… Sont morts pour la France Fernand Caron, Albert Castel, René Degrémont, Marthe Hautebar et Emile Rémy. Sont victimes civiles : Louis Delannoy  et Pierre Pottier.

Leurs noms sont gravés sur le monument aux morts et sur la plaque du souvenir apposée sur la façade de l’église.