Le sanatorium

0 Affiche publicitaire… Ou « une volonté régionale qui se mobilise contre la tuberculose ».

La période de l’entre deux guerre voit une moyenne de taux de mortalité infantile très forte dans le Nord : 91.9 % entre 1920 et 1929.

En ville, la tuberculose se répand à cause du manque d’hygiène et de l’insalubrité des logements. Le gouvernement lance la vente de timbres antituberculeux.

Aux pauvres tuberculeux de notre région, on dit : « Partez, consentez à vous éloigner quelques mois pour respirer l’air pur et retrouver la santé et la vie ». Mais ils refusent de s’éloigner et de quitter, pour le temps de leur guérison, le milieu familial.

1928      Une généreuse idée germe chez certains patrons et mutualistes de Roubaix : il faut entreprendre la construction d’un sanatorium dans la région où les malades pourront recevoir des visites de dimanche. Cela leur redonnera confiance pour retrouver la santé et la guérison. Cette idée féconde est approuvée par plus de 3000 mutualistes de Roubaix et environs, tous adhérents de l’« Union des Sociétés de Secours Mutuels de Roubaix, Lannoy et leurs Cantons », appelée communément « Union des Sociétés Mutualistes de Roubaix ». Une société est créée : « Ligue Mutualiste contre la Tuberculose du Sanatorium de Sailly-lez-Lannoy » dont la direction est assumée par Gabriel Leborgne, un médecin qui a exercé à Hem de 1918 à 1968.

Il faut rechercher l’endroit le plus favorable. C’est ainsi que, grâce à Gervais Deschamps, maire de Sailly, un terrain situé à 53 mètres d’altitude, en plein champs, au grand air, est mis à la disposition des mutualistes par son propriétaire, Jean Tourneu. Le 1er mars, l’architecte Léon Vandekerchove établit les plans de l’édifice, un bel et vaste immeuble de 100 mètres de long divisé en deux parties – une pour les hommes, l’autre pour les femmes – construit avec l’objectif d’abriter 44 pensionnaires (ils seront bien plus souvent une soixantaine). Pour alimenter un château d’eau, il faut creuse un forage de 75 mètres de profondeur.

1929      Le 21 juin, le ministre du Travail et de l’Hygiène approuve les plans ; le 6 septembre, c’est au tour du Préfet du Nord de les valider.

Pour réaliser les travaux, une somme de 2 200 000 francs est nécessaire. Il faut d’abord puiser dans les économies de toutes les mutuelles pour une somme de 700 000 francs. Louis Loucheur, Ministre roubaisien du travail, des Assurances et de la Prévoyance, alloue une subvention de 50% de la dépense ; le département du Nord accorde, lui, une subvention de 275 000 francs.

1930      Le 1er juin, la première pierre du centre de cure est posée. Les travaux débutent, exécutés par l’entreprise Léon Degallaix, concessionnaire des bétons armés Hennebique.

1931      L’inauguration officielle du bâtiment hospitalier se déroule le 8 novembre sous la présidence d’honneur de Monsieur Camille Blaisot, ministre de  la Santé Publique (ministère créé en avril 1930), accompagné de très nombreuses personnalités. Le 15 décembre, les travaux sont définitivement réceptionnés.

Le suivi des soins les plus modernes est à la disposition de médecins éminents conduits par le docteur Leborgne. Les malades sont soignés par des religieuses de l’ordre de St Paul de Chartres. On se souvient encore à Sailly des sœurs Edouard, Armand, Bernadette,  Elisabeth, St Paul, Thérésa-Françoise, Marie-Thérèse, Anne-Marie, si bonnes pour les malades….

Plusieurs habitantes de Sailly trouvent du travail « au sana », à la cuisine et au ménage.

1932      En mars, un oratoire dédié à St Joseph est bénit par le chanoine Dewailly, vicaire général, chancelier de l’évêché. Dans le courant de cette même année, uns statue de l’Immaculée Conception est bénite par l’Abbé Debailleul, curé de la paroisse.

1952      Des travaux de modernisation sont réalisés : une ligne à haute tension est installée, la chaufferie entièrement rénovée. Des salles et bâtiments sont restaurés grâce à l’aide de  la Caisse Régionale de Sécurité Sociale de Lille.

1986      La tuberculose régresse et de nouveaux traitements sont appliqués avec succès, le sanatorium se vide. En février, après 55 années de vie active au service des malades, les trois dernières religieuses du sana quittent définitivement notre commune pour regagner leur congrégation. Elles seront remplacées par de nouvelles infirmières.

1990      Le sanatorium ferme définitivement ses portes. Il est vendu  à des investisseurs belges qui souhaitent ouvrir une maison de retraite mais l’autorisation leur est refusée par le Conseil Général.

2003      L’ancien centre de cure est racheté ; après cinq ans de travaux, il devient gîtes. Malheureusement, les nouveaux propriétaires n’ont  rien pu conserver d’une époque, de ces 60 années qui ont tant marqué le village.

Ouvrez le diaporama et découvrez  le « sana », ce magnifique bâtiment blanc qui, pendant plus de 60 ans, a trôné fièrement dans notre campagne saillysienne. Un cliché est particulièrement émouvant : une patiente y indique l’endroit de sa chambre… Feuilletez aussi les articles de presse d’époque.