L’école de filles

0 Ecole filles1854      Mlle Mazure, originaire de Sailly, religieuse à la Congrégation des Sœurs de l’Enfant-Jésus, fonde à Sailly un établissement scolaire pour filles, situé à l’extrémité de la rue du Tronquois, près de la place.

1856      L’enseignement des élèves est assuré par trois religieuses : deux pour la scolarité des primaires, une s’occupe des petites.

Les religieuses aident l’abbé Delvallée  pour le catéchisme, l’entretien de l’église, la confection – à la main – des linges d’autel et des ornements confiée à l’oeuvre de Ste Elisabeth, une  confrérie de dames de Sailly. Les filles vont à l’ouvroir* pour apprendre à coudre et à broder.

1857      Le 23 octobre, Mlle Mazure fait don, par acte notarié, des locaux et de la maison d’habitation avec sa cour intérieure à la commune à la condition suivante : « L’école devra toujours être dirigée par des religieuses de l’Enfant-Jésus ».

Jusqu’en 1886, l’école fonctionne très bien et acquiert une certaine notoriété mais l’inspection académique devient de plus en plus exigeante vis-à-vis de la laïcité des écoles.

1902      Le 28 janvier, le maire, Jean Deledalle, donne lecture de la loi contre les congrégations.  Le 1er juillet, publication du décret d’Emile Combes, ministre de l’instruction publique et des cultes, ancien séminariste devenu athée, ordonnant la fermeture des établissements scolaires congréganistes. Le 15 août, le maire nomme une commission d’études qui demande le maintien des religieuses.

1903      La laïcisation de l’école des filles entraîne la rupture du contrat signé entre la commune et Mlle Mazure. La municipalité se trouve alors devant un problème difficile à résoudre puisqu’elle n’a ni terrain de disponible, ni local ou logement de remplacement à disposition. En juin, le préfet  réclame au maire le rapport de la commission qui ne peut lui être présenté puisque aucune solution ne peut être trouvée.

1904      M. Bourbon, inspecteur primaire à Roubaix, demande par écrit d’envisager la laïcisation de l’école des filles. Sailly est la seule commune du canton à ne pas être en règle ; il faut aboutir le plus rapidement possible.

1905      Malgré de nombreuses relances de la préfecture, le conseil municipal réussit à retarder les échéances jusqu’au mois de décembre. Le 21 décembre, le préfet Vincent adresse une lettre au maire de Sailly : « J’ai l’honneur de vous informer que l’école congréganiste des filles de votre commune sera confiée à une personnel laïc à partir du 1er janvier prochain ». M. Bourbon  dresse l’inventaire du mobilier scolaire.

1906      Le 4 janvier, le Journal de Roubaix relate le départ ses sœurs accompagnées par un cortège de plusieurs centaines de personnes,  jusqu’à l’arrêt de tramway du « Petit Lannoy », à la limite d’Hem et de Lannoy, qui doit les conduire jusque Lille.

Le 8 janvier, deux institutrices, Mlles Druant, la directrice, et Julie Castel, son adjointe, arrivent dans la commune et prennent leur fonction. Mais deux difficultés demeurent : d’une part les héritiers de Mlle Mazure qui revendiquent l’immeuble et intentent un procès contre la commune, et, d’autre part, la commune qui est dans l’impossibilité de loger les institutrices laïques…

Le 11 février, le maire propose d’étudier deux solutions dans l’intérêt de la commune, en faisant estimer le coût qu’entraîneraient le rachat de l’école actuelle avec  des modifications à apporter et la construction d’une nouvelle école.

Le 25 février, le président de commission donne lecture du rapport de M. Deregnaucourt, architecte, sur l’état de l’école actuelle et de divers projets de constructions nouvelles. Il en ressort que le rachat et la restauration de l’ancien immeuble reviendrait presque aussi coûteux qu’un local neuf dont la dépense s’élèverait à environ 22 000 francs. Par 6 voix « pour » et  5 « contre », il est décidé la construction d’un nouvel établissement scolaire pour les filles. Le nouveau bâtiment accueillera aussi la mairie.

Le 16 avril, la commune achète une parcelle de terrain rue du Tronquois, près de L’estaminet « La Paix »,  appartenant à M. Deschamps et cultivée par Louis Dubar.

Le 19 juin, M. Bührer, architecte désigné pour établir les plans et prendre en charge la direction des travaux, annonce le coût global de l’investissement de 34 541 francs.

Le 1er septembre, les héritiers de Mlle Masure décident de faire évacuer l’immeuble de l’ancienne école, ce qui est réalisé le 15.

Le 4 octobre, pour assurer une rentrée scolaire normale, le conseil décide d’installer provisoirement les filles dans l’école de garçons. Ceux-ci trouveront place dans la grande salle de l’estaminet « L’oiseau d’or », situé rue du Bas Chemin, tenu par Mr Erkens.

1906      Le 6 décembre, c’est l’adjudication des travaux.

1907      L’école des filles est inaugurée avec faste le 29 septembre.

L’école occupe une partie des  locaux de la mairie actuelle avec deux classes, « la petite » et « la grande ». Les enfants commencent l’école à cinq ans et très souvent la quittent à quatorze pour travailler. Dans la grande classe, les élèves sont  répartis en quatre sections, le tout sous la responsabilité d’une seule institutrice. La directrice réside dans la maison jouxtant l’école, ce qui est aujourd’hui le bureau du maire. La cour de l’école est fermée, arborée de tilleuls.

1921      La mairie quitte les locaux de la rue du Bas Chemin et emménage rue du Tronquois.

1924      Le 6 avril, par délibération du conseil municipal, la rue du Tronquois devient  la rue de la Mairie.

1966      Mixité scolaire oblige, l’école de filles a quitté la rue de la Mairie pour rejoindre les garçons rue du Bas-Chemin.

Les locaux restés vacants deviennent la maternelle dont les classes occupent la salle actuelle des mariages et les deux petites salles la jouxtant.

1977      Les classes primaires rejoignent la deuxième tranche de préfabriqué. A l’ancienne école rue du Bas Chemin reste le logement de fonction du directeur.

Lexique :

– ouvroir : salle où les religieuses se réunissent pour travailler en commun.