Dans les années 1940 à 1960, la procession est un acte religieux important pour la communauté paroissiale de Sailly.
Plusieurs se déroulent dans, mais aussi autour, du village.
Tout d’abord, trois jours avant l’Ascension, les « rogations » : il s’agit de processions à travers la campagne avec prières, psaumes, chants et bénédiction des champs pour implorer la protection de Dieu sur les fruits de la terre et les animaux.
Elles se déroulent tôt le matin, débutant après la messe de 7 h. Tout le village y participe : les adultes avant de rejoindre leur travail, les enfants du catéchisme et les communiants de l’année avant de partir vers l’école pour les premiers cours qui débutent à 8 h 30.
Les rogations s’étalent sur trois jours. Le premier jour, le lundi, la procession sort du village par la rue des Trois Frères Lefebvre, rejoint Le Mesnil et revient vers la place en suivant les sentiers au milieu des champs.
Le lendemain, le cortège prend la rue du Bas Chemin, se dirige vers la Ferme Desmettre et revient vers le centre du village. Enfin, le mercredi, la procession fait juste le tour de la place.
Ensuite, deux autres processions se déroulent, une en juin pour la fête du St Sacrement et du Sacré-Cœur (« la Fête Dieu »), l’autre le 15 août pour la fête de l’Assomption de la Sainte Vierge et l’anniversaire du vœu de Louis XIII consacrant la France à Notre-Dame en reconnaissance de la naissance de Louis XIV.
Chaque procession part de l’église avec, à sa tête, la Fanfare de Sailly. Quatre adultes suivent, tenant le dais en-dessous duquel le prêtre porte le St Sacrement. Dans le cortège, on retrouve la «reine des anges» encadrée par des enfants qui tiennent sa cape, d’autres sont habillés en anges, en saints, en martyrs. L’année de leur communion, des petites filles appelées « les fleuristes » jettent avec fierté des pétales de fleurs devant le St Sacrement. Chaque participant chante et prie avec ferveur.
La génération actuelle n’a aucune idée de l’effervescence et du débordement de travail qu’occasionnent les processions.
On s’y prépare longtemps à l’avance en confectionnant des guirlandes de fleurs en papier pour garnir les maisons. Dans les jardins, des pivoines sont cultivées pour leurs pétales dont les petites filles garnissent leur panier et qu’elles jettent devant le Saint Sacrement. Les rues sont jonchées de fleurs multiples et de verdure. On confectionne de fausses portes et des oriflammes, aux couleurs du pape (jaune et blanc), joints aux drapeaux tricolores et à ceux de la Belgique, flottent aux fenêtres.
Meurchin est la destination de la première procession de juin ; la seconde marche, elle, vers la ferme Desmettre. Un grand reposoir, un autel à trois marches, est dressé, somptueusement garni de fleurs. Tous les voisins en apportent et c’est ensemble que les habitants créent le décor. A Meurchin, on désherbe même les pavés à genoux sur un sac plié en quatre, un couteau à la main (le désherbant n’existe pas à cette époque !).
Un long cortège précède le prêtre portant l’ostensoir ; il est composé des différents groupes d’enfants ou d’adultes déguisés en saint, les martyrs, les vierges, les anges, les diverses confréries avec leur bannière, les communiants de l’année, les enfants de chœur en soutane rouge et surplis blanc.
Tous les habitants ont leur place. Les cantiques, les Ave Maria, se succèdent, entrecoupés par les morceaux de la musique municipale rythmant la marche.
Manifestations d’une joie fervente et simple…