L’histoire de l’église …

1- L'église entourée de son cimetière (avant 1951)Revoici tracées les principales étapes de la vie de l’église qui siège fièrement au centre du village :

1350      On retrouve les traces d’un premier édifice construit  au XIVème siècle – la pierre tombale à l’entrée de l’église date de 1350 environ (1) – avec une configuration différente que le bâtiment d’aujourd’hui puisque le chœur de l’église est dirigé vers l’est (aujourd’hui, il est  orienté vers l’ouest).

1566      La guerre des gueux

Adeptes de la religion calviniste, venant de Flandre à Lille et à Tournai, des prêcheurs, d’anciens religieux ayant quitté leur couvent, sillonnent la Flandre, venant à Lille et à Tournai.  Ils tournent le dos aux églises obscures : ils  prêchent la nature par le chant et la parole de Dieu. Mais, très vite, ils commencent à s’armer et  mènent de plus en plus des prêches violents et excitent les foules qui se déchaînent en pillant églises et couvents.

Dès avril 1566, à Bruxelles, Marguerite de Parme ne sait plus que faire face à ce mouvement. Un de ses conseillers lui lance : « vous n’allez pas vous laisser impressionner par ces gueux »,  d’où le nom de la guerre des gueux.

Fin juillet 1566, les prêches atteignent leur paroxysme. Le 10 août, après un rassemblement dans les champs du côté de Dunkerque et Steenvoorde, les habitants  mettent à sac un couvent.  Tout est détruit par les iconoclastes (« briseurs d’images ») : images, statues, orgues, autels, livres saints, reliques. Toute la Flandre est dévastée.

En décembre 1566, le dimanche 22 décembre, 1500 casseurs saccagent l’église de Templeuve ; ils se joignent à des bandes arrivées de Tournai et l’église de Sailly connaît le même funeste sort. C’est Jean Soreau, un marchand de Tournai qui est à la tête des gueux. Beaucoup de protestants sont massacrés par les troupes d’un nommé Noircarmes et les compagnies du comte de Roeux et du baron de Montigny. Le 24 décembre, des exactions sont commises par les gueux qui ravagent Comines; c’est le tour de Tourcoing le 25 décembre, puis de Wattrelos le 26 : là, cinquante habitants meurent brûlés dans l’incendie du clocher de l’église. Le 28, c’est Lannoy qui est attaquée mais les troupes de gueux ne peuvent franchir les remparts qui ceinturent la ville. Le 29, les rebelles attaquent Leers et de nouveau Lannoy. Les paysans de Sailly prêtent main-forte pour défendre la commune voisine. Le manoir de Montpinchon qui ravitaille la garnison des comtes de Lannoy est lui aussi incendié. Ce sont ensuite les églises de Willems, Néchin et Toufflers qui subissent  le même sort que celle de Sailly. On estime qu’en Flandre, près de 400 églises sont dévastées.

1609      Sur une gravure attribuée à Charles III De Croÿ, on découvre le village de Sailly, alors une quinzaine de chaumières nichées dans la verdure et derrière lesquelles le peintre a placé l’église. Elle comprend une tour occidentale sur un plan carré dont on voit les deux derniers niveaux, avec un étage abritant les cloches, éclairé sur chaque face. La toiture de la tour est une charpente à quatre pans. Aux angles, des contreforts. La nef comprend trois travées avec un chevet à trois pans. Sur le flanc nord de la nef, on retrouve deux chapelles plus basses et perpendiculaires à l’axe.

1787      Adjudication pour la construction de l’église en remplacement d’un édifice qui daterait du 15ème siècle (des fonts baptismaux datant de 1535 siègent à l’entrée de l’église)  saccagé par des gueux en 1566.

Notre petite église est en piteux état. Un architecte est requis par le lieutenant échevin pour constater son état de délabrement. L’architecte remet son rapport le 23 janvier 1788. Le 4 avril, les gens du village présentent au chapitre de Tournai les plans dressés par le sieur Mathieu. Le devis de réparations de l’ancienne église est jugé trop onéreux. Le 20 avril, le devis de la nouvelle église (celle que nous connaissons aujourd’hui) est accepté. Le 3 mai, il est adopté par les députés aux affaires. Le 14 août, une affiche annonce l’adjudication pour les travaux de l’église. Le 3 septembre, Adrien François de Lobel, censier de Meurchin, assiste au procès-verbal d’adjudication de ces travaux. Le curé, l’abbé Grulois, invite ses paroissiens à faire des dons pour que chacun participe à l’édification du bâtiment. Tous les habitants,  chacun selon leurs moyens, participent : les uns transportent les matériaux, d’autres aident au chargement et au déchargement. Il est dit que tous les transports sont effectués par des habitants volontaires. Des démarches sont faites également auprès des propriétaires qui se montent très généreux. C’est ainsi qu’encore actuellement nous pouvons voir sur la tribune les écussons des Vignaucourt et des Bidé de la Grandville. Le gros-œuvre est terminé quand éclate la Révolution Française…

1792      Un curé constitutionnel, un certain Bernard Gibert, est élu à Sailly. Dénoncé et arrêté pour prise de position envers son ancien supérieur  François Metgy, curé d’Armentières, un individu peu recommandable, il est guillotiné à Paris le 16 juillet 1794, coupable d’être « un mauvais républicain qui a produit de faux assignats ».

1800      Les biens du clergé sont déclarés  biens nationaux et notre église est vendue le 26 avril au prix de   «112 500 au citoyen Bulteau de Lille». Une cloche de l’église est sauvée et enfouie au hameau du Mesnil (ferme Bonte) pour échapper au commissaire de la Convention. A priori, le citoyen Bulteau n’ayant  pas payé son dû à l’Etat, l’église est rachetée avec l’aide de deux Saillysiens,  le maire Ségard  et Pierre Delobel , fermier à Meurchin (une plaque funéraire à son nom est apposée sur le mur extérieur de l’église, à gauche de l’entrée principale).

1844      L’abbé Delvallée arrive à Sailly. Ce curé encourage ses paroissiens à embellir l’église ; il achète bannières de procession et statues (dont deux en bois doré de la Vierge et de l’Ange Gardien), fait confectionner les boiseries du chœur, refait le pavement du chœur. C’est aussi grâce à lui que l’église possède ce si beau chemin de croix, la chaire de la vérité et les vitraux racontant la vie de St Pierre. 

1850      Acquisition de la bannière Marie Immaculée et de la statue de la Vierge, redorée avant mise en place.

1852      Confection des autels latéraux. Acquisition de la statue St Pierre St Paul, ange gardien.

1853      Acquisition de la bannière du Saint Sacrement.

1857      Acquisition des statues de Ste Philomène et de St Joseph. Projet de pavement du chœur en même temps que celui de l’église (destruction des pierres tombales).

1858    Acquisition de la bannière du Rosaire. Boiseries du chœur, construction de la tribune et de la sacristie. Deux plans projets autels latéraux.

1863      Erection et bénédiction des stations du Chemin de Croix.

1876      Bénédiction de la chaire.

1895      Mort de l’abbé Delvallée, après 51 ans au service de la paroisse. Il est inhumé dans la chapelle située à droite de l’entrée principale de l’édifice.

1898      Acquisition de la bannière de ND de Lourdes. Achat des statues ND de Lourdes, St Pierre et St Joseph.

1902    Démolition de la tourelle allant au clocher pour placer l’autel du Rosaire. Restauration du coq de l’église.

1903      Travaux de menuiserie des côtés des autels latéraux. Remplacement par refonte d’une cloche fêlée. Fin des travaux de boiseries et de la tribune. La cloche d’un poids de 850 kg est bénite en septembre.

1917      Les cloches sont volées par les Allemands.

1920      Bénédiction des trois cloches offertes par le Comptoir des Entrepreneurs ; elles pèsent respectivement  1000, 700 et 350 kg. Installation des stalles, fauteuils et tabourets.

1921      Remplacement des vitraux détruits suite à l’explosion d’un aéroplane.

1930      Restauration du Chemin de Croix. Flèche du clocher reconstruite suite à une violente tempête. Installation du mémorial des curés.

1940      En fin du mois de mai, pendant l’invasion allemande,  de nombreux obus tombent autour de l’église endommageant certains vitraux. 

1944      Destruction de vitraux suite à l’explosion du Château de la Marquise d’Hem.

1946      Restauration de tous les vitraux.

1951      L’état décide le transfert du cimetière vers l’extérieur du village. Cette décision change totalement la physionomie de la place : l’église n’est plus ceinturée par les monuments funéraires.

1961      La messe est célébrée face aux paroissiens. On supprime le maître-autel remplacé par un autre sis au milieu du chœur, confectionné par le dernier charron du village, Louis Desrousseaux.

1968      Restauration du coq de l’église et réhabilitation de la toiture du clocher.

1969      L’ancien autel primitif de style Louis XVI est restauré, ainsi que le retable, et retrouve sa place dans le chœur de l’église. Des objets sont classés monuments historiques et à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (2)

1983      Restauration du tableau situé derrière le maître-autel (dans le fond du chœur). Une vasque dans le jardin de Meurchin se révèle être des fonts baptismaux de l’église primitive ; le 29 mars, ils sont remis à l’église.

1984      Réfection du maître-autel et du retable.

1988      Fin de la restauration du tableau situé derrière le maître-autel. L’intérieur de l’église est complètement repeint.

2008      Remplacement du coq et réhabilitation de la toiture du clocher.

Notre église est belle. D’un clic, vous pouvez la visiter en restant chez vous. Si vous venez sur place, pensez à vous munir du document « visite documentée » pour une réelle visite guidée.

 

(1) Voici quelques notes d’une étude sur la pierre tombale située dans l’entrée de l’église portant un écu aux armes de Thieffries (appelée « pierre Thieffries ») :

Les fragments rassemblés de la dalle mesurent : 134,5 cms x 94 cms. L’ornementation des glâbes accostés de pinacles a été taillée dans le goût du XIVme siècle. La coiffure bouclée de l’homme continue une mode du début du XIVme siècle, donc ici assez « tardive » s’il  est bien décédé en 1386.

Le col de son vêtement ne laisse pas apparaître des anneaux de maille qui auraient pu marquer la présence d’un haubert, et par là, une fonction militaire ou l’appartenance à la chevalerie. Son carreau, le coussin où repose la tête, n’est pas surmonté d’un écu armorié comme on en voit au dessus de la tête de la femme. Faut- il y voir une différence sociale entre les deux époux ? On ne connaît que le nom de la femme, Jeanne Thieffries. Ce sont certainement les armoiries d’une famille Thieffries qui sont représentées ici, mais avec une brisure, un croissant placé sur le franc- canton.

 

(2) Liste des objets classés aux monuments historiques et à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques :

 – Classés aux monuments historiques : Boîtes aux Saintes Huiles en argent, pierre tombale à l’entrée de l’église, un blochet (tête d’apôtre sculptée, du XVème siècle), fonts baptismaux en pierre de Tournai (1535), fonts baptismaux en marbre noir (fin du XIXème siècle), maître-autel Louis XVI et pélican en bois doré du XVIIIème siècle. 

– Objets inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques : chemin de croix, statue de la Vierge de 65 cm en polychrome, statue de 60 cm de l’Ange Gardien et l’Enfant également en polychrome, retable restauré (4 m sur 2,20 m), grille des fonts baptismaux et bancs de communion datant du Second Empire, clôture de la tribune, lutrin de la Restauration, éléments du confessionnal de la nef nord datant du XVIIIème siècle, chandelier du cierge pascal époque Louis XVI, deux dalmatiques, une bannière de l’Immaculée Conception du XIXème siècle, une chape et des ornements dorés, des ornements noir, rouge et or du XIXème siècle, deux voiles d’ostensoir du XIXème siècle.