Une silhouette à peine voûtée couronnée de cheveux blancs, un pas alerte ou un coup de pédale énergique, un regard bleu souvent pétillant de malice, qui n’a pas un jour croisé Paulette ?
Pensionnaire à Templeuve dès l’âge de 5 ans, elle aime l’école. Mais à 14 ans, elle arrête ses études pour aider sa maman : il y avait 13 vaches à traire à la ferme !
Comme son père, Paul Joveneaux, conseiller municipal, puis adjoint, puis maire pendant 13 ans, très engagé dans différentes associations, Paulette aime rendre service ; quand sa voisine vient lui demander de l’accompagner dans les Cévennes pour l’aider à s’occuper de ses enfants, elle dira oui tout de suite, voyant là aussi (elle l’avoue bien volontiers… ) l’occasion de sortir de l’exploitation familiale.
Elle a beaucoup travaillé Paulette : à la ferme, dans les champs, aux écuries, quand les chevaux de son frère ont remplacé les vaches ; elle a même veillé sur une couveuse de 200 oeufs ! Au décès de ses parents, Paulette choisi de rester à la ferme, même si, la nuit, elle y était seule. Elle n’a jamais eu peur : elle n’a que des amis ! Et si elle a eu des regrets de ne pas savoir conduire (son père estimait qu’une fille n’avait pas besoin du permis de conduire…), elle savait qu’elle ne manquerait pas de chauffeurs pour la conduire là où elle voulait.
Paulette a le coeur sur la main : «N’importe qui me demande quelque chose, je le fais !… J’aime mieux donner qu’acheter pour moi….». C’est à qui recevra une tarte confectionnée pour faire plaisir, des légumes ou de la rhubarbe fraichement cueillie dans son jardin.
C’est Paulette qui ouvre tous les matins les portes de l’église et y apporte de temps en temps un joli bouquet…
Paulette, c’est le bon sens et la générosité discrète, le parfum du terroir, la mémoire de l’histoire simple et précieuse du paysan saillysien. Elle s’en est allée comme elle a vécu, discrètement, le 10 septembre, un samedi de 2011, à l’âge de 84 ans…